8.2.10

Texte

Je tiens à dire que non je ne suis pas dépressive, oui je vais bien. Ces mots me trottaient juste dans la tête depuis quelques jour et j'avais juste besoin de les poser sur le papier. Rassure toi maman, je n'ai pas le cafard, tout va bien :)
C'est surtout par rapport à mon post frustrations. Ça m'a prouvé que même si c'est court j'ai toujours un semblant d'inspiration ! Enjoy !


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Je me noie. Je sens l'eau qui envahie peu à peu mon corps. Je ne me souviens de rien jusqu'à cet instant et pourtant tout semble si clair dans ma mémoire. Je crois être quelque part, que ce soit un lac, une rivière ou l'Océan. Je ne sais plus et ne veux pas me souvenir. Je ne sais plus qui je suis, pourtant j'ai un jour existé. Mon corps est transi, glacé par le baiser de mon dernier amant. Mes jambes sont lourdes et légères à la fois, mes bras trop frêles pour supporter de me hisser jusqu'à la surface. Je n'en ai pas envie de toute manière. J'ai cessé de regarder vers la lumière, je suis tapie dans l'ombre froide des abysses. Peut-être est-ce ce poids à ma cheville qui me tire, peut-être simplement mon envie d'en finir…

Je sombre. Je sens les ténèbres qui ont depuis longtemps jeté leurs dévolus sur ma petite personne, je sens leurs bras m'entourer, leurs lèvres pâles m'embrasser, glaçant les parties de mon être au fur et à mesure. J'aimerai pousser un cri, mais ma bouche reste close par ma maîtresse qui ne veut de moi qu'en silence, sans un mot, juste un regard vers l'infini de ses yeux bleutés. Un soupir aurait pu m'échapper, mais je me suis depuis longtemps résigné à ce sort que j'accepte avec un sourire de soulagement. Encore un peu, encore un peu et j'ouvrirai mon âme à la nuit. En attendant, je scrute ma fin…

J'ai froid. Je n'ai jamais vu de cadavre, n'en verrais sans doute jamais. J'entends l'eau pulser contre mes tympans, presser ma peau pour mieux la pénétrer. Ma douce amie d'hier se fait vorace, elle me veut là, maintenant, tout de suite. Dans un gloussement timide je me refuse encore à elle. Je ne sais pas pourquoi, sans doute ai-je encore une pensée à faire s'élever, sortir des écumes en une bulle éphémère qui se brisera dans les bras d'Eole. Personne ne m'attend là haut, pourquoi la faire attendre ?

Mes paupières sont lourdes, mes poumons me brûlent. Déjà l'eau se glisse par mes narines, à travers les pores de ma peau, dans les parties les plus intimes de moi. Mais pas mes poumons, non, elle n'a toujours pas accès à mon dernier souffle. Mes larmes amères se fondent en elle, personne ne pourra les cueillir, elles se mêleront à jamais au sel des autres naufragés. Je revois vaguement la silhouette filiforme d'une personne que j'ai du jadis connaître. Est-ce pour il/elle que j'en suis arrivé là ? Je ne crois pas, je ne sais plus, ma mémoire me fait défaut, ne veut plus se souvenir, veut juste tout oublier…

Las d'une vie qui s'obstine je finis par regarder mon dernier guide dans le blanc des yeux et, lentement, laisse entendre mon dernier souffle à qui veut l'entendre…


1 commentaire:

  1. ...Trés beau, joliment écrit, gg ma chérie ; )
    Si la noyade pouvait être si douce (désolé, je la voi bien sur plus "scientifiquement" incluant la panique, négatif de la sérénité face à la mort de ce personnage, et la douleur quasi-nouvelle de la pénétration d'une eau salée dans les poumons...ça doit être extrèmement déplaisant)...J'aurais bien sur aussi d'infimes proposition de modif genre sur les "qu'..." mais excelent ; )

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